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[DOSSIER MECENAT A L’INTERNATIONAL] La Solidarité internationale, un courant fort au sein de la Fondation Groupe EDF

Paroles de mécènes

Denis Bouchard, directeur du Pôle Solidarité internationale à la Fondation Groupe EDF
Le 24 mars dernier, Admical organisait pour ses adhérents un e-Lab juridique et fiscal sur le mécénat à l'international. Parmi les enjeux clés identifiés au cours des échanges, celui de la nécessité de créer des synergies entre les différents acteurs est apparu comme particulièrement important. Pour approfondir le sujet et vous livrer leur vision de la coopération en matière de solidarité internationale, nous avons proposé à nos trois intervenants et experts de prendre la plume : Denis Bouchard, directeur du pôle Solidarité Internationale à la Fondation du Groupe EDF, Charlotte Vaquero responsable des opérations à la Fondation Raja - Danièle Moscovici et Théodore Thiébaud, responsable des partenariats privés chez Médecins du Monde. Pour ce deuxième article, Denis Bouchard nous explique en quoi la solidarité internationale résonne avec les valeurs du Groupe EDF.

Des racines historiques

EDF a été créé en 1946 pour contribuer au développement du pays : l’électricité, synonyme de modernité et de progrès, devait apporter la lumière et le confort. Cette ambition s’est aussitôt déclinée au plan international, bien au-delà du seul territoire français, dans le cadre des politiques de coopération internationale. L’entreprise a ainsi compté une soixantaine de centres de formation dans le monde, notamment en Amérique latine.

Aujourd’hui, à l’exception de quelques zones isolées de Guyane, tout le territoire français dispose d’une électricité abondante, de qualité et relativement abordable. C’est devenu un bien indispensable pour tous les aspects de la vie quotidienne, de l’éclairage à l’alimentation en passant par la santé, les déplacements et la communication, sans parler des questions environnementales.

Des besoins récurrents

Pour autant, près d’un milliard d’êtres humains sont dépourvus d’électricité (59% de la population au Bénin, 83% à Madagascar) ce qui impacte fortement leur qualité de vie, voire leur survie : ainsi 844 millions de personnes n’ont pas accès à une alimentation en eau potable faute de pompes ; l’absence d’éclairage public limite les activités humaines et accroît l’insécurité ; le manque d’énergie empêche d’utiliser des moteurs, mais aussi de conserver au frais médicaments et aliments, de faire fonctionner des ordinateurs ou de recharger des téléphones portables.

Beaucoup de pays ont engagé des programmes d’électrification, mais ces derniers se concentrent -logiquement- sur les zones de forte densité. Au bout de la route, on continue à faire des opérations chirurgicales à la lampe torche ou à marcher des heures pour aller chercher de l’eau….

Une appétence confirmée

La solidarité internationale figure en bonne place parmi les centres d’intérêt de nos concitoyens, comme en témoignent la richesse de la vie associative dans ce domaine (dons, parrainages) mais aussi l’implication continue des collectivités locales (jumelages, coopération décentralisée).

Les salariés du Groupe partagent naturellement cette appétence : la création de l’association Electriciens sans frontières en 1987 en est le reflet.

Un programme dédié

En 2012, pour répondre davantage à ces appétences tout en valorisant l’image d’engagement du Groupe à l’international, le Président d’EDF décide la création d’une structure dédiée, rattachée à la Fondation d’entreprise. Celle-ci soutient des projets émanant de populations locales et portés par des associations françaises, pour lesquels l’électricité facilite l’accès à l’eau, à la santé, à l’éducation ou au développement économique, à condition que ces projets requièrent un apport de compétences de salariés et répondent bien aux besoins de populations très démunies ; il s’agit donc généralement de projets de petite taille, soit 30 000 € en moyenne.

Sur ces bases, le Pôle Solidarité Internationale de la Fondation développe progressivement une méthodologie de travail assez spécifique :

  • tout d’abord, chaque projet fait l’objet d’une instruction in situ, qui permet de valider l’expression de besoins, de vérifier qu’il sert l’intérêt général sans concurrencer le distributeur local, et d’identifier les différentes parties prenantes locales (autorités, prestataires, fournisseurs) ;
  • ensuite, le projet  est soumis à un comité de validation intégrant des représentants des différentes directions du Groupe concernées par la dimension internationale et compétents pour challenger ou enrichir le dossier ;
  • enfin, sa mise en œuvre génère l’organisation d’une mission de salariés chargés de coordonner les interventions de prestataires, de contrôler la réalisation des travaux et de former les interlocuteurs locaux à la maintenance des installations.

Globalement, compte tenu de la réactivité du processus et de la taille des projets, la plupart d’entre eux sont finalisés dans un délai d’un an. Les précautions prises au cours des différentes phase sont destinées à garantir la pérennité des installations. Celle-ci fait l’objet de contrôles à l’occasion de missions ultérieures. En année pleine, l’activité internationale représente environ une quarantaine de projets, pour une enveloppe globale de près de 2 millions d’euros. 414 projets ont été soutenus en 10 ans pour un total de 16 millions d’euros.

Des salariés volontaires

Pour réaliser ces missions d’instruction ou de réalisation, l’équipe dédiée présente à la Fondation mobilise environ 70 salariés par an, pour des missions en mécénat de compétences qui durent généralement 2 semaines. L’équipe de la Fondation assure la sélection et la formation de ces volontaires, abordant des sujets comme la sécurité, la santé, la communication, la gestion de projet, l’interculturalité ou l’éthique. Les volontaires s’engagent à respecter un cadre précis pour leurs interventions. Le management décide en dernier recours de la disponibilité des volontaires en fonction des nécessités du service. En fin d’année, la Fondation transmet aux salariés et à leurs managers un « Certificat de Compétences Observées » susceptible d’alimenter les entretiens annuels. Au total, la Fondation s’appuie sur un vivier de près de 200 salariés volontaires.

Une stratégie géographique

Les zones d’intervention de la Fondation au plan international sont fortement contraintes par les impératifs de sécurité, avec des zones rouges qui ne cessent de croître. Par ailleurs, la volonté d’optimiser les déplacements et de garantir une évaluation des projets dans le temps conduit à limiter le nombre de pays d’intervention.

Il est convenu qu’une majorité des projets retenus se situent dans des pays d’implantation du Groupe, ce qui présente un triple avantage :

  • la solidarité internationale vient compléter les actions RSE ;
  • les salariés du Groupe dans le pays peuvent détecter des projets ou s’impliquer dans leur réalisation
  • la proximité géographique de projets étalés dans le temps facilite le processus d’évaluation dans la durée.

Une palette d’offres

Le développement de ces activités a généré des frustrations chez des salariés désireux de servir la solidarité internationale mais dépourvus de la disponibilité ou des compétences techniques requises pour devenir volontaires. La Fondation a donc élargi sa palette d’offres :

  • pour ceux qui sont prêts à donner 15 jours de leurs congés, elle soutient des initiatives consistant à réaliser des missions de congés solidaires, dans des domaines variés (éducation, formation, environnement) ;
  • pour tous ceux qui s'intéressent à l'international, elle propose chaque année de participer à la « Marche pour l’eau » portée par l’ONG « Vision du Monde » : marcher 6 km (ou l’on veut, quand on veut, avec qui l’on veut) pour exprimer sa solidarité avec les femmes et les enfants qui doivent chaque jour réaliser cette quête de l’eau, et  contribuer pour 15€ à un projet d’adduction d’eau validé  par la Fondation – cette année en Colombie.

Pour le Groupe EDF, la question de la solidarité internationale est plus que jamais d’actualité. Elle résonne de plus en plus avec les attentes du Groupe et de ses salariés, et continuera à évoluer pour prendre en compte notamment les questions environnementales.

 

 

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